Jour 1 : Pokhara – Nayapul – Tikhedungga
Altitude départ : 800 m
Altitude arrivée : 1 480 m
Voilà nos petits soucis gastriques enfin terminés. Après avoir repoussé 4 fois notre départ au lendemain, nous sommes sur le pied de guerre. Pas de grève prévue aujourd’hui (il y en a une environ un jour sur deux actuellement au Népal, pour revendiquer un changement de constitution promis par le gouvernement depuis des lustres et sans cesse remis à plus tard), rien ne nous empêchera de partir. Nous avons choisi le trek dit de Poon Hill, en 6 jours. C’est la même boucle que le célèbre trek du Sanctuaire des Annapurnas, sans l’aller-retour de 4 jours permettant d’accéder au camp de base. Nous avons mis tous les atouts de notre côté en engageant un guide et deux porteurs. Les papiers sont en règle, permis de trek et déclaration à jour ; en route !
Nous embarquons dans le mini-van qui nous emmène jusqu’à Nayapul, point de départ de la ballade. Pendant l’heure de route, nous sommes un peu inquiets de l’état de santé de Carole. Certes, il s’est considérablement amélioré, mais aura-t-elle suffisamment récupéré pour enchaîner les jours de marches ?
En tout cas, nous sommes tous motivés par la marche, après plusieurs jours bloqués à l’hôtel.
Une fois le point de contrôle passé à l’entrée du parc, nous démarrons l’ascension.
Durant (salut Martine...) les premiers kilomètres, nous longeons une succession de petites échoppes et restaurants, au cas où on aurait oublié de l’eau, des gâteaux, du papier toilette, des couteaux suisses, des souvenirs, des moulins à prière, des châles 200% pashmina... Puis nous quittons (enfin) la civilisation, et à l’instar de DSK, pénétrons un nouveau pays (oui, bon ok, celle-là, elle est un peu lourde...) qui n’a rien à voir avec ce que nous avions connu jusqu’ici, à Katmandu ou Pokhara.
La montée est tranquille et nous permet de bien nous chauffer, et surtout, à Carole, de bien récupérer. Nous nous arrêtons déjeuner pour notre premier dal bhat (que je n’oserais pas manger avec les doigts comme les Népalais), puis repartons. Après 2h30 de marche au total, nous arrivons déjà au terme de notre première étape. Il est 14 heures, nous ne sommes même pas fatigués, presque frustrés de s’arrêter déjà. Notre frustration s’arrête net lorsque 10 minutes plus tard éclate un orage qui aurait douché (c’est le cas de le dire) l’enthousiasme des aventuriers les plus intrépides.
Nous occupons notre après-midi à lire, discuter, impatients de repartir le lendemain. Le soir, Paul fait une démonstration de danse népalaise et se met le guide, les porteurs et le personnel de la guesthouse dans la poche.
Jour 2 : Tikhedungga - Ghorepani
Altitude départ : 1 480 m
Altitude arrivée : 2 900 m
Départ à 7 heures du mat. Un gros dénivelé nous attend aujourd’hui. Heureusement, après une bonne nuit de sommeil, tout le monde est en pleine forme. Avec un moral à toute épreuve. Cette partie du sentier est appelée ’’Stone steps trail’’, le trek des marches de pierre. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le nom n’est pas usurpé, puisque en dehors d’une petite descente d’une vingtaine de mètres, nous passerons la journée à monter des marches. La carte du trek nous indique qu’il y en a 3 280. Je peux pas confirmer, je me suis arrêté à 17. Nous avançons malgré tout d’un bon pas. Nous évitons de regarder vers le haut tellement l’escalier semble sans fin et au contraire conseillons aux enfants de se concentrer uniquement sur leurs pas, d’en faire un après l’autre, sans être impatients d’arriver, et que finalement, à un moment donné, ils auront atteint l’objectif (remarquez au passage le talent éducatif des parents qui utilisent une épreuve physique basique pour illustrer une leçon de vie simplissime, mais ô combien vraie...).
Au fur et à mesure que nous prenons de l’altitude, les paysages deviennent grandioses.
Nous apercevons même pour la première fois l’Annapurna Sud et le mont Hiunchuli.
Les enfants grimpent d’un bon pied, Paul est devant avec Louis, et même Mathilde apprécie. Lors d’une pause, après une montée particulièrement raide, nous contrôlons notre pouls, et avons la surprise de constater que si nous sommes tous aux alentours de 140 pulsations par minute, Paul culmine à 100 puls/min. Tu m’étonnes qu’il arrête pas de parler pendant qu’on cherche notre souffle !!!
Nous finissons par arriver au bout (ben ouais, on vous l’avait dit, un pied devant l’autre, et on finit toujours par arriver) et le guide nous indique un refuge top luxe (top luxe signifie ici avec salle de bain partagée mais à l’intérieur du bâtiment et poêle dans la salle commune) avec une vue imprenable sur la chaîne des Dhaulagiri et Annapurnas (enfin, on imagine, parce que l’après-midi, c’est couvert).
Ce coup-ci, nous sommes bien fatigués par nos 6 heures de marche et nous requinquons avec un bon chocolat chaud et des crêpes au miel. On a un peu peur d’avoir mal aux jambes demain, avec toutes les marches gravies.
Nous rencontrons un couple de jeunes Québécois en tour du monde eux aussi, et qui en sont à leur 24e jour de trek.
Après avoir dîné, nous partons nous coucher à 19h30, car demain, c’est lever à 4h du mat.
Jour 3 : Ghorepani - Tadapani
Altitude départ : 2 900 m
Altitude arrivée : 2 630 m
Nous nous levons à 4h. Objectif, monter à Poon Hill, à 45 minutes de marche au-dessus de Ghorepani, d’où l’on a une vue exceptionnelle sur la chaîne des Annapurna et le Dhaulagiri et où le lever de soleil est à couper le souffle (parait-il). Nous laissons Paul au lit (il n’est pas motivé pour se lever si tôt, et nous repasserons au refuge prendre le petit-déj) et commençons à grimper. La bonne surprise, c’est qu’on n’a pas mal aux jambes. L’autre bonne surprise, c’est qu’il ne fait pas froid. La mauvaise, c’est que comme on s’est habillé comme si il allait faire -15, on est vite en nage. On monte malgré tout facilement et arrivons à temps pour voir les premières lumières du jour jouer avec les sommets. Le temps est dégagé et le spectacle vraiment beau. Ça valait la peine de se lever si tôt.
On voit très bien le Dhaulagiri (à gauche) et ses 8172 m d’altitude, l’Annapurna Sud et ses 7219 m seulement (c’est celui qui à l’air d’être le plus haut, mis c’est juste parce que c’est le plus proche), l’Annapurna I et ses 8091 m (à gauche de l’Annapurna Sud) et le MacchaPucchre (le plus pointu tout à droite) qui culmine à 6997 m et qui est mon préféré.
Nous ne sommes pas les seuls, mais on passe un bon moment là-haut (à 3200 m, point le plus haut du trek).Ces hautes montagnes sont vraiment très impressionnantes !!!
Une fois le soleil levé, la vue est moins spectaculaire car on voit les montagnes à contre-jour. Nous décidons donc de redescendre prendre un bon petit déjeuner et surtout récupérer Paul qui nous avouera ne pas avoir été rassuré de rester seul au refuge.
Vers 8 heures, nous reprenons la route. Après une montée jusqu’au col de Deurali (à peu près aussi haut que Poon Hill) nous offrant de beaux panoramas, nous entamons la descente et entrons dans la forêt de rhododendrons. Après 4 heures de marche, nous arrivons au refuge de Tadapani, choisi par le guide. Au bout de quelques minutes, après notre arrivée et comme 2 jours auparavant, l’orage éclate et la température baisse. Le refuge n’est pas du tout isolé, il y a plein de courants d’air. On passe un après-midi affreux à ne pas pouvoir sortir et surtout à se geler. On se couche tôt, mais l’isolation phonique est à l’image de l’isolation thermique, inexistante. Du coup, on partage les conversations de nos collègues chiliens, canadiens, allemands, des guides et des personnels du refuge. Heureusement, tout le monde se tait vers 21 h et nous arrivons à nous endormir, dans nos sacs de couchage recouverts d’une épaisse couverture.
Jour 4 : Tadapani - Jhinu
Altitude départ : 2 630 m
Altitude arrivée : 1 780 m
Nous quittons sans regret notre refuge. Ce matin, le ciel est de nouveau dégagé et nous offre un panorama sur l’Annapurna Sud.
Pour la première fois, nous ressentons des courbatures aux mollets. Nous ne ressentons pas encore de fatigue et attaquons la ballade avec enthousiasme. Nous ferons essentiellement de la descente. Des marches, des marches, et nouveauté aujourd’hui, des franchissements de vallée sur des ponts suspendus plus ou moins rassurants... On se prend pour Indiana Jones (mais pas avec le bon chapeau).
Pour corser un peu le périple, le guide nous explique que les chiens que l’on trouve sur le chemin appartiennent aux paysans et protègent les moutons des tigres... car il y a des tigres dans le coin. Dès lors, notre balade s’apparente à une véritable aventure !!! (rassurez-vous, on ne verra pas l’ombre de l’ombre d’une trace, mais on apercevra quand même des singes). Nous arrivons sans problème à Jhinu où le refuge semble bien mieux que la veille. Nous nous offrons un peu de rab avec Paul et Louis et descendons aux sources d’eau chaude pour une petite baignade bien agréable dans les piscines aménagées au bord du torrent.
Jour 5 : Jhinu - Tolka
Altitude départ : 1 780 m
Altitude arrivée : 1 700 m
Ne vous fiez pas comme nous à l’altitude de départ et d’arrivée de l’étape du jour, pour croire que ce sera à peu près plat toute la journée. Nous arriverons effectivement à peu près à la même altitude qu’au départ, mais après avoir changé 2 fois de vallée, ce qui signifie, descendre 2 fois jusqu’à la rivière et remonter 2 fois, de 400 m de dénivelé environ chaque fois. La fatigue commence également à se faire sentir, et on doit être vigilant à chaque pas pour ne pas glisser, trébucher ou se faire mal. Malgré tout, la journée se déroule bien et on arrive assez tôt dans un refuge très confortable à Tolka. Comble du confort, il y a même une salle de bain privée dans les chambres ! Il y a également un grand jardin dans lequel les enfants peuvent jouer, enfin, les grands, parce que Paul qui a du mal à gérer la fatigue nous offre un beau pétage de plomb. Une heure à écouter Sol en Cirque avec maman suffira à le calmer. Pendant ce temps, j’explore un peu les alentours du refuge et constate qu’ici, ils vivent non seulement du tourisme, mais aussi de l’agriculture... qui fait rire.
Jour 6 : Tolka – Phedi – Pokhara
Altitude départ : 1 700 m
Altitude arrivée : 1 130 m
Nous sommes prêts à partir pour ce dernier jour à 7h. Au programme, une montée de 400 m jusqu’à Deurali puis longue descente jusqu’à Phedi où doit nous récupérer le van qui nous avait emmené le premier jour. Malgré la fatigue, nous marchons d’un bon pas et arrivons au col au bout d’une heure. Tout le monde est vraiment heureux de marcher, personne ne râle. Nous sommes très surpris par l’attitude des enfants depuis 6 jours. Ils semblent adorer le trek. Surtout Mathilde. Alors que jusqu’à présent, il fallait déployer des trésors d’imagination pour les motiver à marcher plus de 2 heures. Il faut reconnaître aussi que le cadre de la randonnée a été très spectaculaire et très agréable tout le long. En descendant, nous arrivons à des altitudes plus peuplées, où les paysans labourent les rizières en terrasse. Les derniers hectomètres sont un peu difficiles car le mal aux jambes associé à l’impatience d’en finir se fait sentir. Nous croisons quelques groupes qui démarrent leur trek en sens inverse. Nous finissons par arriver à Phedi et nous posons à un débit de boisson où ils ont mis du poisson et des abats à sécher (un peu rude le retour à la civilisation).
Le van nous récupère et nous remmène à Pokhara où nous retrouvons de nouveau un monde complètement différent, plus bruyant, plus agité, plus pollué...
Ce trek restera un moment fort de notre voyage. Nous avons choisi la bonne durée, car nous avons bien tenu la distance (grands et petits) et avons éprouvé beaucoup de plaisir pendant toute la randonnée. Nous ne regrettons pas de ne pas nous être approché davantage du Sanctuaire de Annapurnas, d’autant qu’un autre géant nous attend...
PS : l'album du Népal est enfin en ligne, avec plein de photos de Katmandu, Pokhara et du trek