Finalement, 17 heures de bus, quand on n’est pas malade, ça passe vite. Surtout quand il y a une nuit au milieu et que les sièges bien larges – 3 sièges sur la largeur du bus – s’inclinent presque à l’horizontale, ce qui permet de bien dormir et se reposer. Surtout aussi, quand vous êtes équipés de lecteurs MP3 vous permettant d’écouter un bon Goldman bien de chez nous et éviter l’invraisemblable nanard en VO américaine sous-titrée en espagnol qu’on vous passe à la vidéo.
Buenos-Aires ressemble beaucoup à Paris (en moins beau quand même). I
Il y a une atmosphère, des quartiers, des cafés, des restaurants, une certaine effervescence propre aux grandes villes européennes. Il y a aussi de beaux monuments, le Théâtre Colon (3e plus grand opéra du monde après celui de Sydney et la salle Roger Hanin de Soustons),
l’Obélisque (fait maison et beaucoup moins beau que celui qu’on a piqué aux égyptiens !),
la Casa Rosada (l’Elysée Argentin, mais repeint en rose car le président est une présidente), el Congreso (le parlement, réplique exacte du Congrès américain), l’avenue 9 de Julio (sorte de Champs-Elysées locaux pour les dimensions de l’avenue et le nombre de Mc Do), le stade mythique du club de Boca Junior (le club de Maradona) : la Bonbonera...
Il y a aussi quelques éléments qui nous rappellent que nous sommes en Amérique du Sud. D’abord, il y a plein de taxis flambants neufs (mais un peu moins qu’à Rio quand même).
A ce propos, un chauffeur de taxi à qui je n’avais rien demandé m’a raconté – en espagnol - que chauffeur de taxi était un bon boulot, parce qu’après avoir remboursé sa voiture et sa licence, il se faisait 6000 pesos par mois (environ 1200 euros), ce qui était le triple du salaire moyen en Argentine ; ce qui m’a permis d’apprendre à la fois quel était le salaire moyen en Argentine et le salaire d’un taxi.
Autre différence avec les capitales européennes : début juillet, ça caille. Ben oui, on est en plein hiver ici, et même s’il fait soleil, le vent du sud est glacial (je vous rappelle qu’ici, on vit avec la tête en bas, ce qui est un peu difficile au début, mais on s’y fait vite).
Enfin, outre le fait que la vie est beaucoup moins chère qu’en Europe (mais un poil plus chère que ce qu’on avait budgeté – inflation à 2 chiffres oblige), la différence fondamentale, c’est que cette ville vit pour le tango. Pas le tango des bals à papa au Rétro, non, le tango, le vrai, où le regard des danseurs porteños (porteño = habitant de Buenos Aires) est ardent, le pas vif et félin, les lancers de jambes précis et amples.
Et pas question de plaisanter avec. Soit on sait et on fait. Soit on sait pas, et on paye pour regarder. Car le tango est avant tout une industrie. Partout des shows pour touristes hors de prix (enfin hors de prix routards, parce que sinon, cela reste très abordable par rapport aux shows de cabaret à Paris par exemple), ou des danseurs sur les marchés posant avec le chaland pour quelques pesos, ou des danseurs dans les restaurants dansant pour attirer les clients. Le tout dans un culte immodéré à Carlos Gardel, icône argentine (encore plus adulé que Maradona - c'est dire), et chanteur ayant "exporté" et donné ses lettres de noblesse au tango argentin dans les années 30.
Ceci dit, le tango est très spectaculaire, et même sur les scènes des restaurants les danseurs sont très impressionnants.
Restant 10 jours sur place, nous avons pu prendre notre temps, commencer les cours pour les enfants (et oui, déjà la rentrée des classes), et jouer les touristes avec notre mode d’emploi spécial Paris : on prend un bus ou un taxi, on se fait déposer quelque part, et on déambule pendant des heures au hasard des rues (en suivant quand même quelques indications des guides).
On a d’abord fait San-Telmo, sorte de Montmartre « plat » plein d’antiquaires, de galeries et d’artisans d’arts,avec un superbe marché le dimanche plein d’ambiance – c’est là que nous avons loué notre appart. Nous avons aussi arpenté la place de Mayo, la célèbre Calle Florida, sorte de rue Sainte-Catherine porteña, le quartier populaire de la Boca – paranos s’abstenir - avec sa rue Caminito, dont les bâtiments colorés l’étaient à l’origine avec les surplus de peinture des chantiers navals, les quartiers Recoleta et Palermo – sorte de 16e arrondissement – avec leur musée d’art moderne et leur jardin japonais, et le quartier de Puerto Madero entre réserve écologique et ancien bassin à flots.
NB : la journée du 4 juillet était parrainée par Didier R et Xavier F de Biarritz, et la journée du 11 juillet est parrainée par Isabelle et Olivier B de Bora-Bora.